Pour une inclusion de qualité il faut des moyens !
par
popularité : 12%

La question de « l’inclusion » prend une place de plus en plus importante dans notre travail quotidien. Et pourtant le Ministère l’envisage toujours façon « low-cost ». L’insuffisance des moyens est chronique et l’inclusion s’avère trop souvent cause de souffrance malgré l’investissement des personnels sur le terrain.
Les moyens attribués à l’inclusion sont bien en dessous des besoins réels. Celle-ci s’inscrit tout d’abord dans un cadre où les effectifs de classe sont surchargés. Il n’y a que les « ronds de cuir » du Ministère,du Rectorat et de l’IA pour croire à leurs discours et laisser entendre que les enseignants ont le temps d’individualiser, d’accompagner, d’aider les enfants et les jeunes dans des classes de 28, 29, 30 élèves (ou même 25 comme en éducation prioritaire). Les enseignant.e.s, les personnels AESH, sont-ils/elles les seul.e.s à se poser la question de la souffrance des enfants et des adolescent.e.s à qui on ne donne pas les moyens d’être épaulé.e.s ?
Bien entendu, M. Blanquer répondra que c’est bien aux AESH d’être au plus proche des élèves en situation de handicap inclus dans les classes. Mais les moyens accordés pour ces missions dont tout le monde connaît l’importance sont très insuffisants. Considérer qu’un.e adolescent.e ou qu’un enfant en situation de handicap n’a pas besoin d’être aidé.e sur un temps complet au lieu de la moitié du temps, d’un tiers, voire moins, n’est-ce pas finalement faire montre du même mépris que le Ministère affiche pour les AESH qu’il maintient en situation de précarité la plus complète ? Bien sûr tout a été fait pour que « l’honneur » de l’Education Nationale soit sauf, ou plutôt pour être inattaquable, et le plus souvent aucun temps d’accompagnement obligatoire ne figure maintenant sur les préconisations MDPH si bien que les Inspections académiques doivent seulement justifier « d’un temps » (même très court) d’accompagnement. Aux PIALs de le déterminer en fonction des moyens dont ils disposent, et curieusement le nombre d’élèves pris en charge par un.e collègue AESH a considérablement augmenté, notamment dans le second degré. Des AESH peuvent maintenant assurer le suivi de 4, voire 5 élèves. Et cela peut monter jusqu’à 7 dans l’académie ! Merci la mutualisation des moyens !
La réalité est aux antipodes des discours de Blanquer et Macron pour « favoriser » l’inclusion. Après le sabrage des RASED, la disparition programmée des classes de SEGPA de niveau sixième, des fermetures de sections TSL et d’autres sections spécialisées, les classes ULIS vont elles aussi voir leur sort s’aggraver. Après avoir décidé, en Seine-Maritime, d’interdire aux professeur.e.s des écoles spécialisé.e.s de postuler dans les ULIS collège pour combler les postes vacants en premier degré, et donc nommé plusieurs contractuel.le.s sans formation en remplacement des coordinateur/trice.s d’ULIS, le DASEN va maintenant à contre courant des textes en décrétant que les ULIS pourront accueillir dès décembre 13 élèves, puis 14. Adieu le Maxima déjà trop haut et parfois dépassé de 12 élèves par ULIS ! Ces dispositifs seraient-ils victimes de leur succès avec une hausse croissante de demande de places ? Pas vraiment, mais les structures spécialisées étant débordées faute de moyens, des enfants ou adolescents relevant d’IME, d’ITEP, d’IMPRO sont finalement accueillis dans les ULIS qu’il semble plus simple de surcharger. Mais c’est bien au détriment des élèves qui ne peuvent pas être accompagné.e.s comme il le faut, mais aussi des personnels enseignants et AESH qui font face à des situations ingérables, voire dangereuses.
Et la situation n’étant guère meilleure dans l’Eure, cette augmentation du maxima d’élèves en classe ULIS devrait lui aussi très vite être augmenté dans ce département. A moins que la mobilisation qui se met en place permette de faire reculer le DASEN de Seine-Maritime, et au delà le Rectorat lui aussi à la manœuvre !