Auto-évaluation et contractualisation des collèges – c’est toujours non !
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Blanquer met en place l’auto-évaluation des établissements du second degré et on peut se dire, sans réfléchir longtemps, que cela ne se fait pas dans une perspective de donner plus de moyens aux collèges, lycées généraux et lycées professionnels, bien au contraire. La Cour des comptes réclame dans son dernier rapport des économies importantes dans le budget de l’Éducation et le ministère de l’Éducation nationale prévoit à la rentrée prochaine des centaines de suppression de postes dans le second degré, après en avoir supprimé plus de 1800 à cette rentrée. Pour cette auto-évaluation, Blanquer a mis en place un Conseil d’évaluation de l’École, composé des soi-disant experts.
Non à la contractualisation, non à la concurrence entre les établissements !
A la lecture du guide d’auto-évaluation pour les collèges publics, rédigé par ce Conseil, on a l’impression de lire un document de stratégie d’une entreprise du CAC 40 à destination des managers, PDG et/ou des actionnaires. L’auto-évaluation est d’ailleurs un concept assez ancien des entreprises capitalistes avec le seul but de renforcer l’exploitation des salariés. Selon ce guide, l’auto-évaluation permet « de s’interroger sur la qualité de l’éducation dispensée [.......] et de se proposer des orientations stratégiques. » (page 1, annexe 1a) Quel cynisme après tant d’années de casse de l’Éducation entraînant le manque criant des moyens, humains et matériels, actuellement.
Ces orientations stratégiques sont liées au projet d’établissement et au contrat d’objectif. Ceux-là doivent trouver une traduction « dans le fonctionnement de l’établissement, à travers l’articulation de l’allocation des moyens horaires et budgétaires avec les axes stratégiques que l’établissement souhaite développer ….... ». (page 9, annexe 1a).
Disons-le en langage non-managérial : les contrats d’objectifs vont permettre au gouvernement de mettre les collèges encore plus en concurrence selon la devise : si vous proposez des jolies projets et options, le ministère maintient vos moyens, sinon coupes budgétaires et un enseignement réduit au minimum. On peut facilement imaginer que cette Éducation à deux vitesses, déjà bien réelle, se renforcera considérablement. Ces contrats d’objectifs vont même mettre en cause à moyen terme l’allocation réglementée des moyens sous forme des DHG.
Actuellement, cette fameuse contractualisation est un des outils principaux pour casser l’Éducation prioritaire (voir article Education prioritaire) et pour ouvrir la porte à l’enseignement privé dans ce domaine.
Non au management privé – pour un service public de qualité
Tout cela montre que Macron et Blanquer poussent fortement vers la libéralisation du service public de l’Éducation. Qui dit libéralisation dit management. Dans le guide de l’auto-évaluation, on peut lire dans le point gestion des ressources humaines, management interne et le développement professionnel des personnels : « On s’intéresse ici aux travaux et aux pratiques menés par l’établissement en matière de GRH, de management et de formation, au suivi des personnels et de leurs carrières, …... ». (page 10, annexe 1a)
Nous n’avons pas besoin de l’auto-évaluation et de la contractualisation, et encore moins de la concurrence et du management privé, capitaliste. Mais nous avons besoins d’une augmentation massive des moyens, d’une embauche massive des personnels enseignants et non-enseignants pour permettre une Éducation de qualité, gratuite, accessible à toutes et tous, allant de paire avec des conditions de travail et des conditions d’études décentes.