Une AESH témoigne :
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C’est quoi un⸱e AESH ? La loi de 2005 vise à intégrer les élèves en situation de handicap dans le système scolaire dit ordinaire. Pour aider cette intégration, un nouvel emploi a donc été créé, l’AVS, Auxiliaire de Vie Scolaire, qui deviendra AESH, Accompagnant⸱e d’Elève en Situation de Handicap.
Quel est son rôle ? Accompagner l’élève pour lui permettre de suivre du mieux possible sa classe que ce soit en maternelle ou au lycée, d’où une très grande polyvalence demandée, surtout depuis l’implantation en PIAL, Pôle Inclusif d’Accompagnement Localisé. C’est la MDPH, Maison Départementale des Personnes en situation de Handicapées, qui attribue les heures de soutien en fonction d’un dossier établi conjointement par les parents de l’élève et l’école d’origine. L’AESH peut être amené⸱e à s’occuper de plusieurs enfants élèves selon le temps alloué à chacun d’entre eux. C’est le PIAL qui gère ce temps de travail et qui le répartit selon les demandes et les moyens.
Les AESH-Co interviennent dans les dispositifs ULIS avec une quotité de 52% qui équivaut à 650€. Elles accompagnent de 12 élèves voire 13 aujourd’hui et bientôt 14 !! Cela suppose de nombreuses ESS, concertations et adaptations avec à différents profils et handicaps.
Les AESH sont recruté⸱es en CCD en principe avec un niveau bac et peuvent prétendre à un CDI au bout de 6 ans d’exercice donnant droit à un salaire moyen de 760€ pour 24H de présence avec les élèves.
Et c’est là bien sûr le premier problème rencontré. Il est difficile, en effet, pour beaucoup d’entre elles de vivre avec ce maigre salaire notamment pour des femmes seules avec enfants à charge comme la plupart d’entre elles. La solution trouvée par quelques-unes ? Cumuler deux emplois, AESH en semaine et un autre emploi le week-end ou en soirée, voire sur le temps du déjeûner.
« Je travaille 24 H à l’école en semaine et 28 H le week-end et les vacances scolaires en structure hospitalière. » ou « Je travaille 24 H en semaine en journée à l’école et 14 H en soirée et les week-ends dans la restauration pour gagner à la fin du mois moins que le SMIC. » Et le repos dans tout ça ? « Je n’ai pas le choix, j’ai deux enfants à charge ».
Cela entraîne d’autres soucis de vie quotidienne : la difficulté pour se loger ou pour financer un véhicule pourtant indispensable à la fonction vu que les élèves ne sont plus forcément dans le même établissement.
Le second problème est la formation. Même si le portail du site du ministère affiche une formation initiale de 60 heures et une possibilité de formation continue, la plupart d’entre eux elles n’en ont reçu aucune avant leur prise de poste et par la suite, une formation très superficielle sur les attendus de leur fonction. « Je travaille depuis 9 ans et je n’ai reçu aucune formation sur les différents type de handicap dont je m’occupe. », « Je me suis formée moi-même avec l’expérience accumulée lors de mes précédents emplois et parce que je suis maman donc je sais gérer un enfant. ». « Lors de la prise de poste, on nous donne le nom de l’école et de l’élève dont on doit s’occuper. Ensuite, nous devons nous débrouiller. », « Faites au mieux, c’est ce qu’on vous demande. » « J’ai eu à m’occuper d’un élève violent, j’étais complètement démunie, je rentrais le soir en pleurs. J’aurais bien aimé qu’on m’explique comment agir et réagir face à lui mais rien. »
Enfin, le fonctionnement en PIAL entraîne une fatigue morale et physique avec les déplacements entre deux voire trois établissements. L’état psychologique des AESH n’est pas pris en compte.
« QUI S’OCCUPE DE NOUS ? »