L’inclusion à tout prix : Comment faire reposer la responsabilité d’un objectif louable sur les épaules de travailleur.euse.s à bout de souffle.

vendredi 19 novembre 2021
par  Luc De Chivré
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Un des objectifs prioritaires de l’éducation en 2021, si l’on en croit les discours et le temps consacré par l’ensemble des équipes (enseignants, AESH, infirmières, personnels de direction etc.) à cette question, est la désormais célèbre et galvaudée inclusion. Prioritaire, mais pas vraiment.

Il est indéniable que le nombre d’élèves en situation de handicap présent dans les classes a augmenté au fil du temps. Ainsi se sont développés les PAP, PAI, GEVASCO et autre tentatives de formalisation d’objectifs et/ou de diagnostics médicaux pour venir en aide aux élèves. La nécessité d’un accompagnement HUMAIN desdits élèves s’est rapidement fait sentir mais ne s’est que trop lentement développée dans les faits.

Dernier né du sigle en la matière, le PIAL (Pôle d’Inclusion et d’Accompagnement Localisé) était censé venir palier tous les mots de l’inclusion. L’objectif est de développer un accompagnement au plus près des besoins de chaque élève, de développer l’autonomie de ces derniers, en vue de leur faire acquérir des compétences du socle commun. La belle affaire, les travailleur.euse.s n’attendaient que cela pour agir ! Derrière ce discours d’apparat se cachait une réalité bien décevante que ce soit pour les élèves, mais aussi pour les acompagnant.e.s. Premièrement, la « mutualisation » des moyens humains requiert des AESH qu’elles/ils s’occupent de plusieurs élèves en même temps. En conséquence de quoi, le temps d’accompagnement par élève se voit globalement réduit : pour développer l’autonomie c’est réussi, mais peut être pas pour le développement des compétences de l’élève… Ensuite, l’accès aux bilans des professionnels de santé reste inaccessible aux AESH : pour être au plus proche des besoins de chacun, c’est raté !
Bien entendu, le PIAL n’améliore en rien, voire aggrave les conditions d’exercice des agents concernés. Alors que c’est une nécessité pour créer un corps de métier motivé, compétent et stable, aucune revalorisation salariale n’a été envisagée pour les AESH (rappelons que certain.e.s doivent se contenter de 700€ par mois). Les formations proposées ne sont toujours pas reconnues par l’état, ce qui les rend par exemple inutile auprès de Pôle Emploi en cas de recherche de second emploi ou même de reconversion (qui en voudrait en étant payé 700€ par mois ?). Le PIAL se vend également comme producteur de réactivité et de flexibilité !… Au prix de changement d’emploi du temps des AESH dans les 24 à 48h (parfois d’un établissement à un autre) sans considération aucune pour les situations personnelles.

Les promesses du PIAL semblent donc bien lointaines lorsqu’on s’attarde sur son application sur le terrain. La recette reste toujours la même : contraindre au maximum les agents sans attribuer de réels moyens et faire reposer l’entière responsabilité du dispositif sur les maillons les plus fragiles de l’échiquier Blanquer !

Mais l’inclusion est aussi l’affaire des récentes arrivées d’UEE (Unités Externalisées d’Enseignement). Les intentions semblent encore une fois louables : inclure des groupes d’élèves issus des IME dans les établissements « normaux ». Le terme « inclure » serait ici à définir. Dans les faits, ces élèves restent la plupart du temps entre eux dans des salles qui leur sont attribuées en fonction des possibilités (sans moyen, donc). Ensuite et surtout, la cohabitation (puisque c’est factuellement de quoi il s’agit) peut se révéler compliquée. Les enseignants n’étant pas formés à l’accueil de ces élèves à besoin très particuliers, des tensions peuvent apparaître. Tensions dont les victimes, in fine, sont les élèves. Le projet d’inclusion progressive dans les classe sans qu’aucune formation ne soit mise en place (pas plus que pour les élèves déjà inclus) n’est pas vraiment de nature à rassurer les enseignants. Si certains avaient compris qu’ils pourraient profiter au sein de leur établissement de l’expertise des personnels de santé rattachés au IME, ils auront du mal entendre... En somme, un projet de fermeture progressive des IME (peut-on parler d’austérité ?) déguisé en projet pédagogique universaliste.
On entend régulièrement cette petite musique qui veut que tout ne soit pas une question de budget. Les besoins sont clairs : recrutements massifs d’enseignants, d’AESH, de personnels de santé, création de réelles formations pour répondre aux enjeux, entretient et agrandissement d’établissements, revalorisation de salaires etc. Pas une question de budget dites-vous ? Au final, si l’école de demain n’évolue pas avec la société, ce n’est que l’ensemble de la société qui en pâtit.


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Brèves

Mouvement 2019 des personnels ATSS :

samedi 22 décembre 2018

Mouvement inter-académique des AAE et des SAENES :
La saisie des voeux doit se faire du 11 décembre 2018 au 8 janvier 2019. La CAPN des SAENES aura lieu le 19 mars 2019, et celle des AAE le 21 mars 2019.

Mouvement à gestion déconcentrés ADJAENES
la pré-inscription se fera du 10 janvier 2019 au 7 février 2019. Le reste du calendrier sera en fonction des académies demandées.

Mouvement à gestion déconcentrés des ATRF
la pré-inscription se fera du 10 janvier 2019 au 7 février 2019. Le reste du calendrier sera en fonction des académies demandées.

La pédagogie Nutella ou le collège 2016... vu à la TV !

lundi 20 avril 2015

La réforme du collège 2016 agite le Landerneau enseignant depuis quelques semaines. Elle inquiète aussi à juste titre les parents qui se demandent bien ce que ledit collège réformé fera avec leur progéniture.

Pour rassurer tout le monde, la télévision publique nous montre à quoi ressemblera le collège 2016, dans deux reportages successifs. En effet, le collège réformé s’inspire de dispositifs innovants qui existent déjà dans quelques établissements expérimentaux.

Alors savourons cet avant-goût du collège nouveau...

Lire la suite sur le site La Vie Moderne

Chatel : "Certaines mesures vont dans le bon sens"

lundi 20 avril 2015

C’est le spécialiste des réformes destructrices Chatel qui ont mis à mal le lycée général et liquidé la voie STI qui nous le dit.
On constate facilement où Vallaud-Belkacem trouve son inspiration !

"Que les conservateurs tombent les masques !"

lundi 20 avril 2015

Voici le titre de l’interview de Vallaud-Belkacem au très réactionnaire journal Le Point.
Notre seule réponse à NVB : "Que les néo-libéraux tombent également le masque !"

4 pages spécial Retraités de la FERC

samedi 31 août 2013

Au sommaire : Conférence de l’UFR... les retraités à l’offensive ! - Quelle UFR, quelle structure ? - Place des retraités dans la CGT - Continuité syndicale et renforcement - Impressions croisées
Télécharger le 4 pages

Au sujet des dépenses scolaires…

jeudi 22 août 2013

Chaque année, à l’approche de la rentrée, on retrouve dans les médias des articles plus ou moins bien renseignés sur les "dépenses de la rentrée des classes". Je les parcours toujours avec un peu d’agacement quand ils mettent en avant les nouveaux cartables, les vêtements, les classeurs, les crayons et les compas, les garderies et les cantines.
Parler de ces frais là, c’est évoquer l’arbre pour cacher la forêt. Les cartables et les compas durent facilement plusieurs années et les vêtements ne me semblent pas être une dépense scolaire : mes filles iraient-elles nues si l’école n’existait pas ? Idem pour la cantine : il faut manger même en dehors de l’obligation scolaire. Admettons pour la garderie des petits. Ce qui m’interpelle, ce sont les frais dont on parle moins et qui pourtant jalonnent bien le parcours scolaire des jeunes.
Lire la suite sur le site de l’Ecole démocratique

Ecole élémentaire : en France, le nombre d’élèves par enseignant supérieur à la moyenne OCDE (Depp)

vendredi 16 août 2013

Selon la revue "L’Éducation natio­nale en chiffres" de la Depp, le taux d’encadrement dans les écoles élémen­taires fran­çaises se situe en des­sous de la moyenne des pays de l’OCDE.
Le taux d’encadrement dans les écoles élémen­taires fran­çaises est en des­sous de la moyenne des pays de l’OCDE, selon la revue "L’Éducation natio­nale en chiffres" éditée par la Depp et parue en juillet 2013.
Dans les pays de l’OCDE, le nombre moyen d’élèves par ensei­gnant était à ce niveau de 15,4, en 2011 contre 18,4 en moyenne en France.

Loire-Atlantique / Rythmes : lettre ouverte des UD CGT, FO, FSU et Solidaires au DASEN et aux 26 maires de Loire-Atlantique appliquant la réforme en 2013

samedi 29 juin 2013

Depuis plusieurs mois, nos organisations syndicales ne cessent de dénoncer la précipitation et les dangers contenus dans la réforme des rythmes scolaires. Si les appréciations de nos syndicats respectifs peuvent diverger sur l’analyse de la loi Peillon et de son volet sur les rythmes scolaires, cela ne nous empêche en rien de partager nombre de points de vue sur les effets néfastes de cette réforme. Les propos volontaristes des municipalités ayant décidé de s’engager dès septembre 2013 dans la mise en œuvre du pan de réforme sur les rythmes ne résistent pas à un l’examen pragmatique. Pour notre part cette réforme relève plus d’un projet politique portant sur la territorialisation de l’École que sur les effets bénéfiques pour les enfants et les familles.
L’intention gouvernementale affiche une volonté de servir la réussite scolaire des élèves. Nous pensons qu’il y a loin du discours à une réalité qui malmène aussi les personnels concourant aux rythmes éducatifs des enfants. Les campagnes de communication politiciennes ne peuvent dissimuler les malaises grandissant autour de la rentrée 2013 précipitée.
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