Déclaration CGT au CHSCT extraordinaire spécial Covid (13 décembre 2021)
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En pleine cinquième vague épidémique de Covid, la convocation d’un CHSCT extraordinaire s’avère nécessaire : jusqu’à 61000 cas quotidiens et près de 200 morts par jour sont comptablisés, provoqués, rappelons-le à ceux/celles qui seraient tentés de minimiser la pandémie, par un coronavirus ayant fait environ 17 millions de morts à travers le monde, d’après plusieurs études dont le quotidien Le Monde s’est fait récemment l’écho. Dans ce contexte, le CHSCT doit donc jouer son rôle alors que l’Exécutif entérine sa disparition en dépit du bon sens.
Nous constatons cependant l’absence lors de cette séance du président du CHSCT, M. l’IA-DASEN, qui préside très rarement, et jamais jusqu’à son terme, les séances du CHSCT, et préfère instaurer des visio-conférences informelles, sans cadre réglementaire, dans le cadre d’un « dialogue social » sans danger et sans obligations pour l’Administration.
La CGT Éduc’action de Seine-Maritime profite de cette séance pour réaffirmer le caractère prioritaire de la santé parmi ses revendications. Nous tenons à le redire car nous déplorons le fait que l’Exécutif et la plupart des forces politiques qui concourent à l’élection présidentielle ne semblent guère préoccupés par les défaillances de notre système de santé. Ils feraient preuve de responsabilité en mettant la santé au cœur de leur politique et de leur projet électoral, ce qui est très loin d’être le cas actuellement. Cela imposerait des politiques économiques et budgétaires qui rompent avec la doxa néolibérale, qui se traduit par exemple par la suppression de 20% des lits en une vingtaine d’années et la mise en place de l’hôpital-entreprise dont les conséquences ne cessent de peser dangereusement sur la qualité du service public de santé.
Concernant l’Education nationale et le risque Covid, il nous paraît indispensable d’insister à nouveau sur le risque de transmission par les aérosols, à savoir ces minuscules gouttelettes restant en suspension pendant plusieurs heures et se propageant sur des distances bien supérieures à un ou deux mètres. Même si le protocole sanitaire du ministère fait enfin mention de ce risque, quiconque peut constater que dans les faits, sur le terrain, les situations de travail à risques sont innombrables, le protocole est très largement inappliqué et le Code du travail totalement ignoré, en particulier les articles 4221-1 à 9 sur l’aération et la ventilation des locaux.
Pour améliorer la prévention de ce risque majeur, des leviers existent pourtant. D’abord, l’institution doit doter toutes les écoles, les établissements scolaires et les services de capteurs de CO2, équipements utiles pour supprimer le risque. Ensuite, nous regrettons que l’institution ait abandonné l’objectif de formation des personnels et des élèves au risque Covid. Former et informer régulièrement s’avère pourtant nécessaire afin d’actualiser le niveau de connaissance de l’épidémie et d’améliorer l’application des gestes barrières, tel le port du masque, qu’il est bien difficile de faire appliquer correctement au quotidien. En s’adressant à environ douze millions d’élèves, la formation au risque Covid contribuerait à diffuser dans toute la société une information fiable, à apprendre les bons gestes et à sécuriser la population, au final. Et accessoirement, à battre en brèche les thèses complotistes et les attitudes les plus irrationnelles à l’égard de la science.
Pourtant, certains choix opérés par la DSDEN, dans ce domaine de la formation, sont, dans le contexte actuel, incompréhensibles. Il est choquant de constater que les visites croisées dans le premier degré, dans le cadre des « constellations », fassent à nouveau appel à des remplaçant.e.s pour permettre les visites dans les classes et que des enseignant.e.s en congé maladie ordinaire, en garde d’enfants malades ou autre, ne puissent être remplacés. Nous demandons donc, appuyant en cela les revendications de terrain, que la DSDEN suspende ces visites croisées.
Plus largement, l’efficacité de la prévention des risques professionnels contre le Covid ne saurait se réduire au volontarisme. Avant tout, les choix budgétaires et les moyens humains et matériels doivent être à la hauteur des besoins. La prévention à plus long terme nécessite ainsi de recruter massivement des enseignant.e.s et des personnels titulaires, de construire et d’assurer la maintenance de locaux sains et sécurisés, obligation émanant de la directive européenne du 12 juin 1989, et d’appliquer le Code du travail et la réglementation, par exemple l’obligation de plans de prévention dans les établissements scolaires, inexistants à tous les niveaux, ou les documents uniques d’évaluation des risques.
Enfin, face à un pouvoir néolibéral, à savoir libéral sur le plan économique pour conforter sa base sociale constituée du bloc bourgeois, et autoritaire sur le plan politique, les travailleur.se.s de l’éducation doivent redresser la tête, ne rien céder au néolibéralisme et reconquérir le terrain pour démocratiser l’institution, créer les postes nécessaires, rompre avec la précarisation, l’individualisation, le management au « mérite ». La CGT Éduc’action de Seine-Maritime sera aux côtés de tous ceux/celles qui se battent pour défendre le droit de chacun à vivre et à travailler en bonne santé et construire une société dans laquelle la vie et la santé comptent largement plus que les profits. Pour ne pas perdre sa vie à la gagner !