Comité Technique Académique Rouen du 28 mars : déclaration de la CGT Educ’action
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Madame la Rectrice,
une fois de plus nous nous retrouvons en mars pour entériner des suppressions de postes. Bien sûr vous allez peut être mettre en avant les 13 créations de postes de CPE, et les trois créations en personnel infirmier et ATSS qui permettent à peine de rattraper la sous dotation par rapport à un barème que vos services ont eux mêmes établis pour justifier le manque criant de personnels. Ces créations de postes ne pèsent pas lourd devant les 12 suppressions en lycée professionnel, les 18 en lycée général et technologique, et les 8 postes d’administratif, sans compter les suppressions également annoncées pour les collèges lors des CTSD. Pour les seuls documents que nous avons à étudier à ce CTA, nous sommes bel et bien à un solde négatif de 22 postes.
La CGT Educ’Action est également surprise par le nombre important de blocs de moyens provisoires, parfois équivalents à un temps complet, qui vont mécaniquement augmenter l’emploi précaire, et n’assurent aucune pérennité des ETP. Et la CGT Educ’action dénonce toujours le recours de plus en plus important aux HSA qui bloquent la création de postes de statutaires.
Une fois de plus, les lycées professionnels payent un lourd tribut, sans nous faire oublier le prix payé par les autres secteurs. La fin de la réforme de transformation de la voie pro a mise à mal les heures en enseignement professionnel et en enseignement général. Les heures disciplinaires remplacées par le chef d’oeuvre et la co-intervention montrent leurs limites pour l’apprentissage de l’enseignement professionnel mais révèlent clairement le fond de la réforme, à savoir des suppressions de postes. Il en va de même avec la diminution du nombre d’heures, en particulier en français et dans une moindre mesure en math sciences. Quant au plan social en GA, il touche à sa fin avec 10 postes supprimés cette année encore. La CGT Educ’Action renouvelle sa demande d’un GT sur la situation des collègues de GA, et s’interroge toujours sur le devenir des élèves de cette filière et des personnels.
Sur le point égalité professionnelle, autre point important à l’ordre du jour, nous tenions à vous faire part de notre scepticisme le plus total. Nous revendiquons l’égalité salariale, nous nous battons pour les droits des femmes, contre les violences sexistes et sexuelles parce que c’est indispensable d’arriver enfin à l’égalité femmes-hommes dans la société, et pas seulement dans l’Education. Et nous sommes convaincus que le travail sincère de la référente égalité professionnelle au sein de ce rectorat, comme sans doute dans d’autres, est très ingrat et très compliqué, parce que nous ne sommes justement pas convaincus de la volonté de l’administration, et en premier lieu du Ministère, de parvenir à l’égalité femmes-hommes. Quelle mesure le Ministère a t-il pris contre la précarité au sein de l’éducation nationale, et notamment pour les personnels AESH qui sont très majoritairement des femmes ? La précarité est pourtant un mal très insidieux, qui maintient les personnels dans la misère et les fragilise face à la pression hiérarchique, alors même que les postes à responsabilité sont le plus souvent occupés par des hommes. Quelles mesures concrètes ont elles été prises pour assurer aux femmes qu’il n’y aura aucun écart de salaire et de promotion par rapport à un homme sur tout le déroulé d’une carrière, qu’aucune femme sera pénalisée, même de manière cachée, parce qu’elle était en congé maternité ? Quels moyens concrets vont être affectés pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes que subissent les femmes ? Comment pourra-t-on déceler plus les souffrances de femmes qui subissent du harcèlement, des violences sur leur lieu de travail alors même que les CHSCT vont disparaître ? Nous n’avons rien bien sûr contre un plan égalité professionnelle, mais nous ne voulons pas que ce plan serve de caution pour ne prendre aucune décision concrète comme nous craignons que ce soit le cas.
Nous voulions aussi aborder dans cette déclaration d’autres points qui ne sont pas à l’ordre du jour. Tout d’abord nous voulons assurer à Mme de Montchalin que si elle prend dès demain son téléphone pour annoncer à notre Union des syndicats CGT de la fonction publique une augmentation du point d’indice au moins équivalente à la perte du pouvoir d’achat depuis 2000, au bas mot 25%, et un rattrapage salarial plus important pour les bas salaires, il ne faudrait sans doute qu’un jour ou deux pour finaliser cette proposition. Ce n’est donc pas trop tard avant le premier tour des élections présidentielles. Le reste n’est que de l’esbrouffe et les personnels ne sont pas dupes.
Il nous semble aussi important aujourd’hui de parler de la crise sanitaire. De nombreux personnels sont inquiets face à la remontée prévisible du nombre de cas de COVID. Nous comprenons tout à fait les collègues ou les élèves qui ne souhaitent plus porter le masque maintenant qu’il n’est plus obligatoire de le faire. Nous avons tous ce besoin et cette envie de vivre normalement. Mais il est de plus en plus clair que la décision politique prise par le gouvernement ne l’a pas été au regard de réalités scientifiques mais plutôt pour des besoins de campagne electorale. Et il nous semble important dans cette période de ne pas oublier toute politique de prévention, et de garder à l’esprit que le Ministère et le Rectorat doivent tout mettre en œuvre en termes de prévention et de moyens matériels pour garantir la protection et la sérénité des personnels et des élèves qui peuvent aussi être très inquiets.
Concernant les personnels AESH, les propos du candidat-président Emmanuel Macron sont choquants « Augmenter le temps d’accompagnement des enfants de situation de handicap, y compris sur le temps périscolaire, en le passant à 35h pour les AESH. Cela permettra de garantir un salaire plein aux AESH qui souvent n’ont que des petits contrats. » Voilà sa proposition s’il venait à être réélu ! En clair, travailler plus pour gagner plus, et en dehors de l’Education Nationale. Pour la CGT Educ’action c’est inadmissible et l’annonce faite par le candidat-Président montre tout son mépris envers les personnels. Pour toutes ces raisons, la CGT Educ’action appelle les personnels de l’Education à la grève le 5 avril pour exiger un réel statut pour les AESH dans la fonction publique, un emploi à temps plein pour les AESH prenant en compte toutes les missions actuelles des AESH, une réelle formation initiale et continue, la prime REP et REP+ pour tous les personnels AESH (tout comme d’ailleurs pour les AED et les AP), l’arrêt de la mutualisation et l’abandon des PIAL.
Enfin, nous finirons notre déclaration en vous faisant part de notre indignation contre la volonté du président de la Métropole de Rouen et de la Région Normandie de financer et soutenir la création d’une école vétérinaire portée par le réseau UniLaSalle, sous la double tutelle des Frères des écoles chrétiennes et de l’Institut catholique de Paris. Une collectivité locale n’a pas à subventionner une filière privée avec l’argent public. Le scandale est d’autant plus important que les frais de scolarité pour un cycle de 6 ans sont de 91 500 € et réservé par conséquent aux seul.e.s jeunes issu.e.s de familles favorisée. Une première mobilisation a déjà permis de freiner le projet, et nous travaillons dans un cadre associatif, syndical et politique à une mobilisation plus large.