Audit sur l’Enseignement Professionnel : une logique de productivité
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Comme un prélude à cet audit, il est prévu à la rentrée 2009 une réforme de l’enseignement général de l’Enseignement Professionnel.
Les enseignements seront construits par modules : cela permettrait la validation d’acquis et des réorientations. La CGT est plutôt favorable à ce type de parcours mais le ministère associe cela à la généralisation des Contrôles en Cours de Formation (CCF). Nous ne pouvons pas accepter que les CCF deviennent la norme pour les examens : remise en cause de la valeur des diplômes, alourdissement considérable du travail des enseignants....et économie pour le ministère !
Enfin, les lycées professionnels seront associés à l’obtention du socle commun, normalement acquis au collège : ou comment l’institution instaure officiellement le lycée professionnel comme le lieu de relégation des élèves en échec...
Constats : banalités et productivité.
Les auteurs de l’audit commencent par faire un bilan de l’Enseignement Professionnel aujourd’hui.
On note en particulier :
Une offre de diplôme trop importante, segmentée notamment dans certaines branches professionnelles, assez spécialisés (456 diplômes de niveau 5 et 4...).
Coexistence peu pertinente de deux diplômes de niveau V (CAP et BEP).
Critique des CPC qui s’entrecroisent et se répètent du fait de la multiplicité des intervenants (différents ministères pour une même formation : par exemple avec le BEP SASO) ... absence de coordination inter ministérielle.
Il est noté aussi des disparités académiques dans l’offre de formation : académies à forte proportion d’élèves orientés en CAP et BEP après la 3ème (35% à Lille contre 21,8% à Versailles).
A partir de cela, les auteurs de l’audit partent dans des discussions sur la « productivité, l’« efficience » ou encore la performance de l’Enseignement Professionnel. Ainsi il est noté le coût important de l’Enseignement Professionnel, supérieur de 20% à la dépense consentie pour l’ensemble du second degré et de 30% à la dépense consentie en moyenne par les pays de l’OCDE pour les lycées. La dépense a augmenté de 66% depuis 20 ans. 18,1% des heures d’enseignement sont délivrées devant des groupes de moins de 10 élèves (contre 8,8% pour l’ensemble du secondaire) avec de fortes disparités entre les académies. Les taux de remplissage des structures ne sont pas optimaux et 8,1% des établissements ont moins de 200 élèves. Sur 100 élèves entrés en BEP, seuls 28 auront le Bac. De plus pour 100 places de formation financées, seulement 50 à 70% des élèves seront in fine diplômés (niveau 5 ou 4) compte tenu de l’abandon, des échecs et du non remplissage des classes. Le rapport coût/efficacité n’est donc pas satisfaisant pour les auteurs de l’audit.
Bien entendu, les lycées professionnels sont comparés avec l’Apprentissage : « gestion rigide » dans les lycées professionnels, « grande liberté » dans les CFA...
Et le rapport ne dit rien sur les classes surchargées ne bénéficiant même pas des dédoublements prévus par les textes (trop rigides sans doute !).
Propositions : annualisation, régionalisation et libéralisation
La mission estime que 7 000 à 8 500 ETP se sont pas utilisés devant les élèves et sont donc potentiellement à réemployer (c’est-à-dire à supprimer). :
décharges statutaires, TZR, sous-services
« mobilisation inégale » pendant les périodes de stage
taux de remplissage et de redoublement peu efficients.
La mission recommande que l’individualisation de la formation et la modularisation des parcours soient généralisées et que CC), dont « l’organisation est plus souple qu’un examen terminal », soit développé. Le CCF devrait être proposé pour un plus grand nombre de diplômes et matières. Ces deux propositions seront mises en place rapidement à la rentrée 2009.
Il est par ailleurs demandé de développer les bac pro en trois ans et de favoriser les parcours mixtes apprentissage/statut scolaire.
Trois conditions sont nécessaires pour la mission pour améliorer la planification de la formation professionnelle :
Elle doit être concertée entre les régions et les académies et associer les élus locaux à la réflexion sur les évolutions envisagées de la carte très en amont de la prise de décision.
Il faut développer la mobilité des élèves afin de mutualiser les moyens (supprimer les petites structures de lycées en les regroupant).
Une plus grande autonomie des établissements doit donc être mise en place. Cette autonomie se caractérise par une grande liberté dans l’organisation pédagogique (dans aucun des pays visités par la mission, il n’existe de grille horaire hebdomadaire définie au niveau national qui fournit des indications aussi précises sur l’organisation de la formation).
Pour rendre les enseignants plus « efficaces », il est proposé en particulier de : Élargir les disciplines de recrutement et développer la bivalence pour les professeurs d’enseignements professionnels et technologiques ;
Mettre en place des concours communs CAPET et au CAPLP , dans un premier temps, pour les disciplines technologiques et professionnelles.
Assurer les fonctions hors enseignement dans les établissements afin d’augmenter « le temps de présence des enseignants et de favoriser le dialogue avec les élèves ».
Mettre en place des formations sous forme de petits groupes ou de soutien pour les élèves qui sont encore dans l’établissement ou si l’obligation réglementaire de service était calculée sur une base annuelle, cela permettrait de disposer de plus de souplesse dans l’organisation du travail et de mettre en place des modules de soutien ou des formations individualisées tout au long de l’année.
Tout cela s’inscrit dans une logique comptable d’atteinte au service public : suppressions d’emplois, la déqualification d’une partie des personnels, la réorientation de l’enseignement professionnel vers l’Apprentissage, annualisation, autonomie des établissements...D’autres choix pour le service public d’éducation doivent être imposés. Dès maintenant, et dans la poursuite des mobilisations qui ont lieu depuis la rentrée, la CGT Educ’Action appelle les personnels à se faire entendre.