Audit sur l’Enseignement Professionnel : une logique de productivité

Après les audits sur les lycées et collèges, c’est au tour des lycées professionnels d’avoir leur audit. Une preuve supplémentaire que les PLP sont concernés aussi par les mesures d’économies engendrées par les réformes Robien
mercredi 4 avril 2007
par  Vincent Severino
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Comme un prélude à cet audit, il est prévu à la rentrée 2009 une réforme de l’enseignement général de l’Enseignement Professionnel.
Les enseignements seront construits par modules : cela permettrait la validation d’acquis et des réorientations. La CGT est plutôt favorable à ce type de parcours mais le ministère associe cela à la généralisation des Contrôles en Cours de Formation (CCF). Nous ne pouvons pas accepter que les CCF deviennent la norme pour les examens : remise en cause de la valeur des diplômes, alourdissement considérable du travail des enseignants....et économie pour le ministère !
Enfin, les lycées professionnels seront associés à l’obtention du socle commun, normalement acquis au collège : ou comment l’institution instaure officiellement le lycée professionnel comme le lieu de relégation des élèves en échec...

Constats : banalités et productivité.
Les auteurs de l’audit commencent par faire un bilan de l’Enseignement Professionnel aujourd’hui.

On note en particulier :
Une offre de diplôme trop importante, segmentée notamment dans certaines branches professionnelles, assez spécialisés (456 diplômes de niveau 5 et 4...).

Coexistence peu pertinente de deux diplômes de niveau V (CAP et BEP).
Critique des CPC qui s’entrecroisent et se répètent du fait de la multiplicité des intervenants (différents ministères pour une même formation : par exemple avec le BEP SASO) ... absence de coordination inter ministérielle.

Il est noté aussi des disparités académiques dans l’offre de formation : académies à forte proportion d’élèves orientés en CAP et BEP après la 3ème (35% à Lille contre 21,8% à Versailles).

A partir de cela, les auteurs de l’audit partent dans des discussions sur la « productivité, l’« efficience » ou encore la performance de l’Enseignement Professionnel. Ainsi il est noté le coût important de l’Enseignement Professionnel, supérieur de 20% à la dépense consentie pour l’ensemble du second degré et de 30% à la dépense consentie en moyenne par les pays de l’OCDE pour les lycées. La dépense a augmenté de 66% depuis 20 ans. 18,1% des heures d’enseignement sont délivrées devant des groupes de moins de 10 élèves (contre 8,8% pour l’ensemble du secondaire) avec de fortes disparités entre les académies. Les taux de remplissage des structures ne sont pas optimaux et 8,1% des établissements ont moins de 200 élèves. Sur 100 élèves entrés en BEP, seuls 28 auront le Bac. De plus pour 100 places de formation financées, seulement 50 à 70% des élèves seront in fine diplômés (niveau 5 ou 4) compte tenu de l’abandon, des échecs et du non remplissage des classes. Le rapport coût/efficacité n’est donc pas satisfaisant pour les auteurs de l’audit.

Bien entendu, les lycées professionnels sont comparés avec l’Apprentissage : « gestion rigide » dans les lycées professionnels, « grande liberté » dans les CFA...
Et le rapport ne dit rien sur les classes surchargées ne bénéficiant même pas des dédoublements prévus par les textes (trop rigides sans doute !).

Propositions : annualisation, régionalisation et libéralisation

La mission estime que 7 000 à 8 500 ETP se sont pas utilisés devant les élèves et sont donc potentiellement à réemployer (c’est-à-dire à supprimer). :
décharges statutaires, TZR, sous-services
« mobilisation inégale » pendant les périodes de stage
taux de remplissage et de redoublement peu efficients.
La mission recommande que l’individualisation de la formation et la modularisation des parcours soient généralisées et que CC), dont « l’organisation est plus souple qu’un examen terminal », soit développé. Le CCF devrait être proposé pour un plus grand nombre de diplômes et matières. Ces deux propositions seront mises en place rapidement à la rentrée 2009.

Il est par ailleurs demandé de développer les bac pro en trois ans et de favoriser les parcours mixtes apprentissage/statut scolaire.

Trois conditions sont nécessaires pour la mission pour améliorer la planification de la formation professionnelle :
Elle doit être concertée entre les régions et les académies et associer les élus locaux à la réflexion sur les évolutions envisagées de la carte très en amont de la prise de décision.

Il faut développer la mobilité des élèves afin de mutualiser les moyens (supprimer les petites structures de lycées en les regroupant).
Une plus grande autonomie des établissements doit donc être mise en place. Cette autonomie se caractérise par une grande liberté dans l’organisation pédagogique (dans aucun des pays visités par la mission, il n’existe de grille horaire hebdomadaire définie au niveau national qui fournit des indications aussi précises sur l’organisation de la formation).

Pour rendre les enseignants plus « efficaces », il est proposé en particulier de :
- Élargir les disciplines de recrutement et développer la bivalence pour les professeurs d’enseignements professionnels et technologiques ;
- Mettre en place des concours communs CAPET et au CAPLP , dans un premier temps, pour les disciplines technologiques et professionnelles.
- Assurer les fonctions hors enseignement dans les établissements afin d’augmenter « le temps de présence des enseignants et de favoriser le dialogue avec les élèves ».

Mettre en place des formations sous forme de petits groupes ou de soutien pour les élèves qui sont encore dans l’établissement ou si l’obligation réglementaire de service était calculée sur une base annuelle, cela permettrait de disposer de plus de souplesse dans l’organisation du travail et de mettre en place des modules de soutien ou des formations individualisées tout au long de l’année.

Tout cela s’inscrit dans une logique comptable d’atteinte au service public : suppressions d’emplois, la déqualification d’une partie des personnels, la réorientation de l’enseignement professionnel vers l’Apprentissage, annualisation, autonomie des établissements...D’autres choix pour le service public d’éducation doivent être imposés. Dès maintenant, et dans la poursuite des mobilisations qui ont lieu depuis la rentrée, la CGT Educ’Action appelle les personnels à se faire entendre.


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Brèves

Mouvement 2019 des personnels ATSS :

samedi 22 décembre 2018

Mouvement inter-académique des AAE et des SAENES :
La saisie des voeux doit se faire du 11 décembre 2018 au 8 janvier 2019. La CAPN des SAENES aura lieu le 19 mars 2019, et celle des AAE le 21 mars 2019.

Mouvement à gestion déconcentrés ADJAENES
la pré-inscription se fera du 10 janvier 2019 au 7 février 2019. Le reste du calendrier sera en fonction des académies demandées.

Mouvement à gestion déconcentrés des ATRF
la pré-inscription se fera du 10 janvier 2019 au 7 février 2019. Le reste du calendrier sera en fonction des académies demandées.

La pédagogie Nutella ou le collège 2016... vu à la TV !

lundi 20 avril 2015

La réforme du collège 2016 agite le Landerneau enseignant depuis quelques semaines. Elle inquiète aussi à juste titre les parents qui se demandent bien ce que ledit collège réformé fera avec leur progéniture.

Pour rassurer tout le monde, la télévision publique nous montre à quoi ressemblera le collège 2016, dans deux reportages successifs. En effet, le collège réformé s’inspire de dispositifs innovants qui existent déjà dans quelques établissements expérimentaux.

Alors savourons cet avant-goût du collège nouveau...

Lire la suite sur le site La Vie Moderne

Chatel : "Certaines mesures vont dans le bon sens"

lundi 20 avril 2015

C’est le spécialiste des réformes destructrices Chatel qui ont mis à mal le lycée général et liquidé la voie STI qui nous le dit.
On constate facilement où Vallaud-Belkacem trouve son inspiration !

"Que les conservateurs tombent les masques !"

lundi 20 avril 2015

Voici le titre de l’interview de Vallaud-Belkacem au très réactionnaire journal Le Point.
Notre seule réponse à NVB : "Que les néo-libéraux tombent également le masque !"

4 pages spécial Retraités de la FERC

samedi 31 août 2013

Au sommaire : Conférence de l’UFR... les retraités à l’offensive ! - Quelle UFR, quelle structure ? - Place des retraités dans la CGT - Continuité syndicale et renforcement - Impressions croisées
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Au sujet des dépenses scolaires…

jeudi 22 août 2013

Chaque année, à l’approche de la rentrée, on retrouve dans les médias des articles plus ou moins bien renseignés sur les "dépenses de la rentrée des classes". Je les parcours toujours avec un peu d’agacement quand ils mettent en avant les nouveaux cartables, les vêtements, les classeurs, les crayons et les compas, les garderies et les cantines.
Parler de ces frais là, c’est évoquer l’arbre pour cacher la forêt. Les cartables et les compas durent facilement plusieurs années et les vêtements ne me semblent pas être une dépense scolaire : mes filles iraient-elles nues si l’école n’existait pas ? Idem pour la cantine : il faut manger même en dehors de l’obligation scolaire. Admettons pour la garderie des petits. Ce qui m’interpelle, ce sont les frais dont on parle moins et qui pourtant jalonnent bien le parcours scolaire des jeunes.
Lire la suite sur le site de l’Ecole démocratique

Ecole élémentaire : en France, le nombre d’élèves par enseignant supérieur à la moyenne OCDE (Depp)

vendredi 16 août 2013

Selon la revue "L’Éducation natio­nale en chiffres" de la Depp, le taux d’encadrement dans les écoles élémen­taires fran­çaises se situe en des­sous de la moyenne des pays de l’OCDE.
Le taux d’encadrement dans les écoles élémen­taires fran­çaises est en des­sous de la moyenne des pays de l’OCDE, selon la revue "L’Éducation natio­nale en chiffres" éditée par la Depp et parue en juillet 2013.
Dans les pays de l’OCDE, le nombre moyen d’élèves par ensei­gnant était à ce niveau de 15,4, en 2011 contre 18,4 en moyenne en France.

Loire-Atlantique / Rythmes : lettre ouverte des UD CGT, FO, FSU et Solidaires au DASEN et aux 26 maires de Loire-Atlantique appliquant la réforme en 2013

samedi 29 juin 2013

Depuis plusieurs mois, nos organisations syndicales ne cessent de dénoncer la précipitation et les dangers contenus dans la réforme des rythmes scolaires. Si les appréciations de nos syndicats respectifs peuvent diverger sur l’analyse de la loi Peillon et de son volet sur les rythmes scolaires, cela ne nous empêche en rien de partager nombre de points de vue sur les effets néfastes de cette réforme. Les propos volontaristes des municipalités ayant décidé de s’engager dès septembre 2013 dans la mise en œuvre du pan de réforme sur les rythmes ne résistent pas à un l’examen pragmatique. Pour notre part cette réforme relève plus d’un projet politique portant sur la territorialisation de l’École que sur les effets bénéfiques pour les enfants et les familles.
L’intention gouvernementale affiche une volonté de servir la réussite scolaire des élèves. Nous pensons qu’il y a loin du discours à une réalité qui malmène aussi les personnels concourant aux rythmes éducatifs des enfants. Les campagnes de communication politiciennes ne peuvent dissimuler les malaises grandissant autour de la rentrée 2013 précipitée.
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