Déclaration de la CGT Educ’action au CTA Rouen du 27 juin
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Mme la Rectrice,
Nous souhaitions profiter de ce CTA pour vous alerter une fois de plus sur les urgences dans l’éducation.
Le président Emmanuel Macron, et le précédent gouvernement, ont poussé à la rupture les hôpitaux après avoir fermé près de 18 000 lits dans les hôpitaux publics, au point que des services d’urgences prévoient de fermer ou de réduire fortement leur accueil pendant la période d’été, faute de personnels pour assurer les soins. Et nous constatons depuis plusieurs années cette même logique d’austérité à l’oeuvre dans l’Education qui en est au même point que l’hôpital public et les autres services publics.
Les conséquences sont peut être moins « spectaculaires » et immédiates que dans les hôpitaux mais le manque criant de moyens humains et matériels est lui aussi dramatique. Les remplacements sont de plus en plus difficiles à assurer, et ce n’est pas faute de recourir massivement aux contractuel.le.s et d’augmenter la précarité au lieu d’offrir des postes de titulaires. Le nombre de postes non pourvus à la rentrée 2022, et sur les années qui viennent devrait être encore plus important que les années précédentes en raison des suppressions de postes massives et du nombre très faible de candidats admissibles aux concours. Les « job-dating » inacceptables n’y feront pas grand chose, soulèvent de nombreuses questions quant au exigences de recrutement. Améliorer l’attractivité du métier d’enseignant sur le long terme passe inévitablement par un important rattrapage du pouvoir d’achat avec l’augmentation du point d’indice.
Malgré les efforts fournis par les personnels AESH et enseignants pour maintenir à flot des structures spécialisées et pour une scolarisation décente des élèves en situation de handicap ou à besoins particuliers, la pénurie de moyens réduit chaque année un peu plus le temps d’accompagnement et de scolarisation des élèves. Les PIALS tentent de gérer la pénurie, au détriment des conditions de travail des AESH. Et les postes d’infirmier.e.s, d’assistant.e.s soci.aux/ales, d’administratifs, d’assistants d’éducation manquent aussi cruellement, alors même qu’ils/elles remplissent des missions primordiales pour les élèves et les personnels.
Pourtant, à peine réélu, M. Macron annonçait déjà vouloir ramener le déficit français à 3% du PIB, ce qui reviendrait à faire 80 milliards d’euros d’économie par an sur le dos principalement des services publics. Malgré une situation au bord du gouffre, il souhaite poursuivre une politique de casse des services publics. M. Pap Ndiaye, nouveau Ministre de l’Education Nationale, est chargé d’appliquer cette politique. Depuis sa prise de fonction, il n’a évoqué aucun début de solutions à ces urgences. Pas plus qu’il n’a parlé des salaires alors que, comme pour l’ensemble des salariés du public et du privé, l’inflation galopante fait vite basculer dans des difficultés financières de nombreux personnels, et tout particulièrement les plus précaires. M. le Ministre est présenté comme plus proche des personnels, mais on ne peut espérer aucun changement de cap alors que c’est un très fidèle de M. Blanquer qui a été nommé directeur de cabinet.
En septembre, les personnels de l’Education subiront toujours le manque de moyens, les postes non pourvus, les classes surchargées, la précarité galopante, la baisse du pouvoir d’achat , et les élèves subiront la dégradation des conditions d’enseignement. La lutte pour un plan d’urgence immédiat dans l’Education Nationale ne pourra pas attendre. La CGT Educ’action met tout en oeuvre pour mobiliser en septembre tous les personnels, aux côtés des autres salarié.e.s, et soutenir toutes les luttes de salarié.e.s pour gagner des moyens à la hauteur des besoins réels, des créations de postes statutaires, une véritable hausse du point d’indice et la titularisation sans condition de tous les personnels précaires.
Nous finirons notre déclaration en dénonçant la mise en place d’un entretien devant une commission pour être directeur ou directrice d’une école de 9 classes et plus, et plus largement le fait que ces postes soient devenus des postes « à profil ». Face à la mobilisation naissante dans le premier degré, M. le DASEN a déclaré maintenir à son poste de direction pour l’année prochaine le directeur de l’école Paul Bert du Havre, qui occupe ses fonctions depuis 17 années. Bien sûr, cette décision va dans le bon sens, mais elle est plus qu’insuffisante, et nous demandons l’abandon du profilage des postes de directeur/trice d’école et plus largement l’abandon de la loi Rilhac.