Premières leçons pour les luttes à venir :
par
popularité : 7%

Les cheminots et les travailleurs de la RATP n’ont pas gagné et nous avons tous à discuter des raisons de cet échec. Mais ils n’ont absolument pas subi la défaite en rase campagne, dans l’isolement et le rejet espérés par Sarkozy ; Bien au contraire ils ont réellement ouvert une large brèche dans le climat de résignation politique et sociale.
Ils ont réussi à mener leur grève pendant dix jours malgré le poids de la machine gouvernementale et médiatique, malgré les freins et les lâchages à de nombreux niveaux politiques et syndicaux.
Ils ont tenu jusqu’à la grande journée du 20. Aucun secteur, à part les étudiants, ne les a rejoints dans la lutte. La convergence s’est trop fait attendre. Mais nous devons dire et leur dire que c’est eux, les grévistes, qui avaient raison. Ils ont mené la première bataille contre la politique de Sarkozy, nous aurions peut-être pu la gagner tous ensemble. A nous de préparer la prochaine et de faire en sorte que cette fois les divers verrous à l’extension de la grève sautent et que la convergence des luttes soit possible.
Pourquoi la grève reconductible dans trois secteurs clés, massive et déterminée à la SNCF et à la RATP, n’a-t-elle pas tenu jusqu’à faire céder le gouvernement ? Il y a surement de nombreuses raisons, mais parmi celles-ci il y a de toute évidence la stratégie des directions syndicales confédérales, et en particulier celle de la première d’entre elles, la nôtre, la CGT.
La direction confédérale et Bernard Thibault n’ont pas voulu construire la convergence interprofessionnelle. Dès le 18 octobre elle aurait pu donner cette impulsion en appelant tous les syndicats de la confédération à participer à cette première journée de mobilisation. Ce sont des fédérations, des ud et des ul, des syndicats d’entreprise qui ont donné au 18 son caractère interprofessionnel. A la veille du démarrage de la grève reconductible à la SNCF, à la RATP et à l’EDF, la direction confédérale a envoyé des signaux de faiblesse au gouvernement : demande de négociations séparées (avant le début de la grève !), acceptation de fait du cadrage voulu par le gouvernement (qui ne cessait d’annoncer qu’il ne négocierait pas sur les 37,5 annuités).
Dans cette bataille l’enjeu était de faire converger les luttes et les revendications du public comme du privé, défense de toutes les retraites, des emplois et des salaires. Il était évident que les cheminots ne tiendraient pas longtemps seuls. Le 20 novembre aurait dû être une journée interprofessionnelle de grève public-privé avec la perspective de rejoindre la SNCF et la RATP dans la grève reconductible. Il n’en n’était pas question pour la CFDT, mais la direction de la CGT s’est alignée sur cette position : « pas de convergences » « pas mélanger » c’était la « journée fonction publique ».
Les fédérations de fonctionnaires, et à leur suite les fédérations de l’Education Nationale ont adopté la même ligne : la FSU n’a pas appelé à la grève le 18 octobre. Toutes les fédérations de fonctionnaires (même la nôtre) ont attendu un mois pour appeler à une journée de grève expressément limitée le 20 novembre et, malgré l’énorme succès de cette journée, repoussé toute initiative d’abord en décembre puis en janvier.
Cette stratégie de la négociation a minima avant la grève et en annonçant qu’on ne recherche pas le rapport de forces maximum, cette application du « syndicalisme rassemblé » où on s’aligne sur le syndicat le moins combatif , est une stratégie qui ne peut engendrer que des défaites.
C’est bien ce qu’ont voulu signifier, de nombreux syndicats, fédérations , UD ou UL CGT qui ont multiplié à partir du 14 novembre les appels à une grève interprofessionnelle nationale sur les objectifs communs à tous les salariés.
La fin de la grève à la SNCF n’enlève pas la nécessité de préparer une telle grève, même si elle en repousse la perspective immédiate. Nous militons en ce sens.
La lutte peut et doit continuer. Le gouvernement va avancer ses plans, sur les retraites comme sur les statuts, les suppressions de postes, etc. Dans l’Education Nationale nous le voyons bien avec les attaques sur l’enseignement professionnel.
Les luttes sont devant nous. Elles se multiplient dans le public comme dans le privé.
Nous militants de la CGT Education nous continuerons à défendre, dans notre syndicat comme auprès de nos collègues de travail, la même perspective : contribuer à la construction d’un mouvement d’ensemble. Refuser le repli sur le corporatisme et les « journées d’action » sans lendemain. Réaffirmer nos revendications, EN et générales, et notre volonté de participer à des grèves interprofessionnelles sur les revendications communes à tous les salariés.
La grève des cheminots ne restera pas sans lendemain si nous y travaillons.