Généralisation du Bac pro 3 ans : Quel avenir pour les collègiens ?
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Le 29 octobre, le ministère a transmis aux rectorats une note dans laquelle il annonce sa volonté de généraliser rapidement les Bac Pro en 3 ans à la place de l’ancienne formule (2 ans de BEP + 2 ans de bac pro) : « La généralisation du parcours en 3 ans doit être résolument engagée et, dès la rentrée 2008, 45 000 élèves devront être accueillis dans des formations préparant en trois ans au baccalauréat professionnel (…) Par ailleurs, l’année 2008 sera mise à profit pour préparer la généralisation des baccalauréats professionnels en trois ans ».
AUJOURD’HUI
Jusqu’à présent, un élève de troisième avait un large choix d’orientation entre une filière générale et technologique et une filière professionnelle.
A la différence d’autres pays, l’enseignement professionnel public français ne s’est pas construit autour de l’apprentissage, mais autour de l’idée qu’on pouvait apprendre un métier à l’école, et que cet enseignement, différent alliait culture générale et professionnalisation.
La filière professionnelle proposait donc un grand nombre de CAP, de BEP, formations diplômantes de niveau V généralement reconnues par les conventions collectives. Les élèves titulaires d’un BEP ou d’un CAP pouvait choisir de continuer en Bac professionnel (niveau IV) pendant deux ans, ce qui permettait même à certains d’intégrer un BTS et donc d’obtenir un niveau III.
Ce parcours progressif permettait à nombre d’élèves en difficulté de reprendre confiance en eux, de trouver une nouvelle motivation, et d’atteindre par ce biais un baccalauréat ayant dans bien des filières une véritable reconnaissance dans le monde du travail (73% des titulaires d’un bac pro trouvent un travail, contre 66% pour les autres baccalauréats...).
DEMAIN
La réforme de Darcos supprime l’étape BEP, met en place des bac pro en 3 ans qui recruteraient les élèves dès la sortie du collège. Ceux qui ne pourront suivre ce rythme accéléré devront se contenter d’un CAP (s’il y a assez de places ouvertes, ce qui n’est pas garanti !)
L’offre d’orientation va se réduire comme une peau de chagrin pour les élèves de troisième. Le seul choix possible sera : Lycée général, CAP, Bac Pro 3ans.
En effet, l’existence de la voie technologique est plus que compromise avec la concurrence d’un bac pro 3 ans. Cela est d’autant plus vrai que le ministère envisage de réduire le nombre de bac pro. Ainsi, des 69 existants actuellement, il ne devrait en rester qu’une vingtaine... issus de regroupements de divers spécialisations dans un tronc commun généraliste.
Les conséquences seront : Une offre limitée de formations et donc de places disponibles pour les élèves
Une orientation contrainte et forcée en CAP pour des élèves qui auraient pu auparavant aller en BEP et poursuivre en bac pro.
Ejection hors du système scolaire de ceux qui n’ont pas le niveau ou qui n’ont pas trouvé de place. Ils n’auront plus qu’à tenter de trouver un employeur pour un apprentissage. Sinon, ils rejoindront les 150 000 jeunes qui sortent chaque année de l’école sans diplôme.
UNE DECISION BUREAUCRATIQUE
Il ne faut pas être dupes. La volonté du ministère aujourd’hui est de réduire le coût de l’enseignement public en France.
Cette formule de Bac Pro en 3 ans est testée depuis plusieurs années. Les premiers éléments d’évaluation mettent en garde contre sa généralisation. Ainsi, en 2005, après quatre années d’expérimentation, le rapport de l’inspecteur général Prat explique qu’ « il y a lieu de souligner qu’une grande majorité d’élèves ne peut pas suivre un parcours vers un baccalauréat professionnel en trois ans au terme du collège ».
Non à la réforme Darcos
Maintien de la voie "BEP en 2 ans+ Bac Pro en 2 ans" en parallèle avec les « Bac Pro 3 ans » existants
Maintien du nombre de places offertes dans les LP
Non aux classes surchargées
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