LE SENS DES CONTRE REFORMES DANS L’EDUCATION NATIONALE
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A marche forcée, et encore plus forcée avec la crise financière, le gouvernement avance dans son projet de déstructuration de l’Education Nationale.
Après le lycée professionnel (Bac pro 3 ans…), le gouvernement s’est attaqué au premier degré (programmes et horaires) et maintenant au Lycée (réforme du Lycée).
Ces « réformes » ont des caractéristiques communes qui font leur cohérence. On peut synthétiser leurs points communs sur trois axes, trois buts, poursuivis par le gouvernement et son armada de « conseillers » ministériels ou patronaux, tous clairement libéraux convaincus.
1 Faire des coupes sombres dans les budgets et les postes publics. Ce n’est pas seulement de l’idéologie sur le désengagement de l’Etat et le dégraissage du Mammouth, c’est maintenant une contrainte pour dégager les fonds nécessaires au patronat et à la finance dans la crise actuelle. Cela se traduit par :
- Dans le premier degré, la suppression de 2H de cours, le démantèlement de l’école maternelle, la suppression des RASED.
- Dans les collèges, des suppressions de poste à la moindre baisse d’effectifs ce qui entraîne des classes surchargées (27 en ZEP), la diminution des horaires élèves depuis 20 ans, toutes les disciplines étant aujourd’hui aux horaires plancher.
- Dans les Lycées, la diminution des horaires élèves, la mise en options de disciplines qui entraîne la suppression massive de postes de professeurs.
- Dans les Lycées Professionnels, la généralisation des Bac Pro 3 ans, la suppression de 25% de la formation, la disparition des BEP donc à terme la suppression massive de postes.
2 Adapter l’offre d’Education à la demande patronale. Une plus grande sélection pour la main d’œuvre qualifiée, moins de culture et une mise à disposition plus rapide pour la main d’œuvre non qualifiée. Pas de « confiture aux cochons », les élèves en difficulté ou moins bons n’ont pas besoin de la même chose que les autres. Cela se traduit par :
- Dans le premier degré, la mise en place du soutien pour les enfants en difficulté, et d’options culturelles pour les « bons », la diminution voire la suppression des CLIS, la municipalisation par les EPEP.
- Dans les collèges, la disparition du « collège unique » la diminution voire la suppression des SEGPA
- Dans les Lycées, la mise en place d’un tronc commun à minima, de modules scientifiques pour les uns, technologiques pour les autres dès la classe de seconde, la création de pôles de formation et de Lycées des métiers.
- Dans les Lycées Professionnels, le développement de l’apprentissage, la diminution des contenus et de l’offre de formation (notamment « métiers féminins »), la création de pôles de formation et de Lycée des métiers.
Et pour tous, la suppression des IUFM et remise en cause des concours nationaux.
3 Autonomiser et mettre en concurrence des établissements, domestiquer les enseignants. Il ne s’agit plus seulement de faire maigrir le mammouth, il faut lui enlever ses défenses. Les établissements scolaires et le corps enseignant sont encore trop égalitaires, trop rétifs à l’influence de l’entreprise et des classes dirigeantes. Cela se traduit par :
- Dans le premier degré, la mise en place du service minimum, une dérive vers des « chefs » d’école, et choix des directeurs d’EPEP hors éducation nationale (municipalisation)
- Dans le second degré, la mise en concurrence des établissements avec la suppression de la carte scolaire, l’individualisation des projets et des offres de formation en fonction des établissements l’autonomisation des établissements, un pouvoir accru des chefs d’établissement, l’embauche de non enseignants pour remplacer des professeurs qualifiés avec l’accompagnement éducatif, l’application de la LOLF, l’annualisation du temps de travail des professeurs et dans les lycées la remise en cause des horaires et des programmes nationaux et donc à terme du baccalauréat comme examen national et premier diplôme universitaire.
Combinés et mis bout à bout ces objectifs forment un véritable plan de restructuration de l’Education nationale. Une Education nationale adaptée aux besoins du patronat qui souhaite qu’à côté d’une main d’œuvre qualifiée existe une masse de travailleurs déqualifiés, flexibles et jetables.
Toutes ces contre-réformes s’accompagnent de l’application de la Révision générale des politiques publiques qui est un vaste chantier de démolition des services publics, de l’emploi et du statut des fonctionnaires. Cette RGPP se fixe trois objectifs
1 La réduction drastique du nombre de fonctionnaires. A terme : quelque 200 000 suppressions de postes sont prévues.
2 Le transfert massif de missions vers les collectivités territoriales, sans leur en donner les moyens.
3 La prise en charge de plus en plus d’activités rentables par le secteur privé.
Les promoteurs de ces réformes avancent bien sûr d’autres motivations, elles se cachent (mal) toutes derrière les paravents du « renouvellement pédagogique », de « l’intérêt des élèves » ou du « souhait des familles ». Mais elles ont toutes les mêmes présupposés : d’énormes économies budgétaires, une diminution de la diversité de l’offre éducative et des modifications statutaires recherchées depuis longtemps.
Nous ne sommes pourtant pas des partisans du statu quo. Depuis longtemps, la CGT Education revendique une transformation du service public.
Dans le cadre de cette société et de cette école, il est indispensable de limiter et de réduire les handicaps dont l’origine est essentiellement sociale, pour offrir une même éducation de qualité à toute la jeunesse. Il faut donc que l’Etat engage une réelle et efficace politique de développement et de transformation du service public. Cela commence par le fait d’assurer aux élèves l’accès à des conditions d’étude digne de ce nom, en mettant fin à la multiplication des classes surchargées, et la gratuité effective et totale de l’école.
L’Etat et le patronat ont les moyens de satisfaire les besoins : Sarkozy vient de trouver 370 milliards pour venir en aide aux banquiers, alors qu’il y a peu, il prétendait ne pas pouvoir trouver 1,8 milliard... pour les bénéficiaires du RSA ou pour combler le prétendu « trou » de la Sécu, ...
Aujourd’hui, la défense du service public d’Education nationale demeure une première étape incontournable pour ceux et celles qui veulent changer la société et l’école.
NOUS NE POUVONS « NEGOCIER » DE TELLES REFORMES
IL FAUT LUTTER TOUS ENSEMBLE POUR LES REPOUSSER ET IMPOSER LA DEFENSE ET LE DEVELOPPEMENT DU SERVICE PUBLIC D’EDUCATION NATIONALE |
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