Quand les élèves font la grève générale
popularité : 9%

Benoît Frachon fut successivement secrétaire de la CGTU (affiliée à l’Internationale Syndicale Rouge) de 1933 à 1936 ; secrétaire de la CGT de 1936 à 1939 ; secrétaire général de la CGT de 1945 à 1967 ; et enfin président de la CGT de 1967 à 1975.
Une biographie détaillée est disponible dans Le Maitron.
Le texte qui suit est un extrait des mémoires de Benoît Frachon, paru en 1981.
Dans celui-ci, il raconte comment lui et ses camarades d’une école primaire de la région de Saint-Etienne, influencé par l’énorme mouvement de propagande en faveur de la grève générale pour l’obtention de la journée de travail de huit heures initié par la CGT qui se développe alors en France en prévision du premier mai 1906, ont voulu transcrire à leur façon dans leur école ce grand moment
de la lutte du mouvement ouvrier français.
"Un mot d’ordre avait en particulier retenu notre attention : "vouloir, c’est pouvoir. Voulons donc la journée de 8 heures".
Nous fîmes des papillons avec ce libellé, mais il y avait quelque chose qui clochait dans ce texte : nous ne pouvions décemment pas réclamer la journée de 8 heures alors qu’il n’y avait que 6 heures de classe ! Qu’à cela ne tienne ! Notre mot d’ordre devint "la journée de 4 heures". Nous allions coller des papillons sur les portes de chaque classe qui s’ouvraient sur un long couloir qui traversait toute l’école, couloir qui allait devenir lui-même l’itinéraire de notre manifestation. Les drapeaux rouges furent bientôt réalisés grâce à l’encre rouge que nous répandîmes sur des feuilles blanches collées à des manches à balais qui nous servirent de hampes ! Nous voilà fin prêts et bientôt dans le couloir, "drapeaux au vent", lançant notre mot d’ordre des "4 heures".
Nous n’avions oublié qu’une chose : juste au-dessous de nous les instituteurs poursuivaient leurs classes : troublés par le bruit de nos sabots sur le plancher, ils donnèrent l’alerte. De sorte que, quelques minutes après notre départ, nous fûmes dispersés par la "force publique" représentée par les maîtres !".
Benoît Frachon