Réforme des bac pro 3 ans
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Au moment où le ministre décide face à la pression de reporter la mise en place de la réforme des lycées, la contre réforme du Bac pro 3 ans, s’avance et se précise contre vents et marées, mais avec aussi des soutiens (le patronat) qui ne peuvent que laisser songeurs (la cfdt et le snetaa).
Alors chers collègues mais aussi et surtout chers élèves à quelle sauce allez vous être mangés ?
Premier constat et il est de taille, avant les élèves apprenaient trop ! Avec le nouveau bac pro, ils apprendront moins et mieux grâce à l’aide individualisée ! Regardons cet extrait de la grille horaire qui suit : en Bac pro industriel (Sciences) l’enseignement Pro passe de 1737 heures en 4 ans à 1152 heures en 3 ans soit une diminution des horaires élèves de moins 34% !
Second constat, cette réforme est donc faite pour le bien de nos élèves et elle le prouve. Prenons à nouveau deux exemples :
« Les élèves seront plus au contact du monde professionnel ». Ainsi, les périodes de formation en entreprise augmentent et passent à 22 semaines pour 3 ans pour toutes les filières (19 semaines sur 4 ans antérieurement pour certaines d’entre elles). Et là au vu de nos expériences, des questions se posent sur la qualité des PFE, leur suivi, leur évaluation, leur rémunération mais aussi sur la capacité des entreprises à accueillir des jeunes en formation (surtout en classe de seconde).
« Aucun élève ne sortira plus sans diplôme de l’éducation nationale » Eh oui avec le nouveau bac pro, plus de déchet car si l’élève rate sa seconde pro, il pourra aller en seconde année de Cap (quand il existe ce qui ne sera pas le cas pour le domaine de la bureautique !). S’il rate sa première, il aura la possibilité d’obtenir un BEP (en CCF !) qui malgré une charge patronale (« le BEP est un diplôme national à finalité professionnelle ») reste pour l’instant « un diplôme national qui atteste d’une qualification professionnelle ». Enfin si notre élève réussit à arriver en Bac Pro, il sera sûr de l’avoir ! Parce qu’à l’issue de l’épreuve de « bac à lauréat » passée pour partie en CCF, notre élève s’il a échoué pourra passer un oral de rattrapage.
Troisième constat : les redoublements qui coûtent si chers seront terminés. En cas de difficultés scolaires, nombreuses chez les élèves de lycée professionnel, nous devrons les résoudre grâce au remède magique qui s’appelle aide individualisée (vous pratiquez déjà non !).
Quatrième constat : nos élèves, pour obtenir un diplôme, seront évalués en quasi-totalité sous la forme de CCF qui, il faut bien le dire, ont toujours été un gage d’inégalité républicaine malgré la bonne volonté des collègues d’harmoniser leurs notes par le haut…………….
Aussi, avec cette réforme nos chers, nos très chers élèves n’auront pas le droit à de la confiture. En apparence, on pourrait dire que l’on se trompe car les tertiaires pourront faire une seconde langue mais pas de sciences au contraire des industriels qui eux ne feront pas de seconde langue. De plus, les programmes ont changé et se rapprochent
pour les matières générales de ceux des lycées généraux et techniques (peut-être est-ce pour faciliter les passerelles ?) mais ils sont plus restrictifs et font perdre une certaine forme de liberté pédagogique. Ainsi la formation de nos élèves sera sans doute meilleure avec une année en moins et certainement plus apte à concurrencer l’apprentissage et ses 50% d’échecs.
Dès lors, à quoi sert cette réforme qui même dans sa mise en place n’a rien de pédagogique. Saviez-vous que « dès la entrée 2009, les arrêtés prévoient que les premières du bac pro 3 ans soient composées avec des élèves issus : des BEP 2 ans, des CAP 2 ans et de seconde professionnelle expérimentale du bac pro 3 ans. ». Ainsi, « comment un élève n’ayant pas suivi le programme de seconde bac pro 3 ans pourra-t-il suivre dans de bonnes conditions celui de première ? ».Et on ne vous parle pas du nombre d’élèves par classe qui n’a pas été défini : 24 ? 30 en industriel comme en tertiaire ? Et on ne vous parle pas non plus des dédoublements !
Alors avez-vous compris, à quoi elle sert cette réforme ? (Cochez la bonne case)
à faire des éconocrocs.
à améliorer le sort futur de nos élèves car ils auront tous un diplôme.
à mentir aux élèves et à leurs parents sur le niveau des formations proposées.
Et là si vous répondez mal, vous entendrez le ministre vous traitez de rétrogrades, de conservateurs, de passéistes qui ne proposent rien.
Pourtant, nous ne sommes pas contre une réforme qui réhabilite l’enseignement professionnel aux yeux du plus grand nombre, qui met en place des parcours diversifiés pour nos élèves, qui nous donnent les moyens horaires et humains d’accompagner nos élèves vers l’excellence professionnelle et …..CITOYENNE !