Les 30 000 emplois vie scolaire non renouvelés, "un véritable gâchis !" LeMonde.fr - 30.06
popularité : 16%

Des internautes du Monde.fr, emplois vie scolaire ou enseignants, témoignent majoritairement leur écœurement devant la suppression de 30 000 emplois vie scolaire, estimant que leur rôle est fondamental auprès des élèves.
Précarité contre économie budgétaire, par Brigitte Soulacroix
J’ai effectué un contrat EVS (Emploi Vie Scolaire) pendant 2 ans, j’intervenais auprès de 3 enfants handicapés. J’aimais beaucoup mon travail (salaire de 602 €). Au bout de 2 ans (soit le 26 février dernier), tout est fini : je suis remplacée par une autre précaire, et je me retrouve au chômage. Par ces contrats aidés, l’Etat impose aux plus fragiles et aux plus pauvres une énorme contribution aux économies budgétaires. Gauche ou droite, tous les gouvernements ont profité de ce système parfaitement inégalitaire. Pendant longtemps, nous n’existions pas : droit à la formation bafouée, pas de prime de précarité, pas d’ancienneté...
Cassée, par A. B.
Je suis EVS depuis septembre 2006. J’ai beaucoup appris auprès des enfants et du système éducatif en général. Mais ce soir, plus rien ! Je ne sais pas si je vais me lever demain : pour faire quoi ? J’étais très appréciée par l’ensemble du personnel de mon école. J’avais un emploi (même peu payé) auquel je tenais, je suis en colère. Et j’éprouve de la jalousie en sachant que la nouvelle EVS verra les enfants de mon école en septembre prochain. Même si je prends le risque d’être coupée de mes droits, je refuserai toute offre bidon de Pôle Emploi (style formation, ateliers recherche ou autre...) ! NON !
Mon avenir, c’est le chômage, par Catherine Le Hec
J’occupe un poste d’EVS depuis 2006 dans une école maternelle à Douarnenez dans le Finistère. Mon contrat se termine le 6 juillet et n’est pas renouvelé. Demain, 1er juillet, on recrute pour mettre quelqu’un à ma place. Quelle élégance de ne même pas attendre mon départ... Mon avenir, c’est le chômage. On nous jette sans regret, sans état d’âme. Je faisais toute la comptabilité de l’école, tout le secrétariat. Les personnels enseignants et municipaux m’appréciaient et j’aimais mon travail. C’est très dur moralement d’être traitée ainsi par une administration qui ne recule devant rien, surtout pas devant la cruauté vis-à-vis de gens en situation de précarité. Je suis très amère et je souffre de terminer l’année scolaire dans ces conditions. Je sais que ce n’était qu’un "contrat avenir" mais j’avais l’espoir de conserver encore un peu mon emploi. Mais pour le gouvernement, mon avenir c’est le Pôle Emploi, et l’espoir est un mot rayé de leur vocabulaire.
Une belle perte d’énergie, par Michèle Strauss
Notre lycée accueille régulièrement des élèves non ou mal voyants ; une EVS a aidé une jeune élève très mal voyante à la fois sur le plan technique et relationnel. Elles ont eu besoin pratiquement d’un semestre pour se connaître et apprendre à travailler ensemble. Son contrat s’achève là. Quelle perte d’énergie ! Quel manque d’efficacité pour l’élève et l’équipe enseignante ? Quelle absence de reconnaissance du travail accompli par l’EVS mise au chômage ? Quelle image peu humaine et peu solidaire l’Education nationale donne-t-elle à l’ensemble des élèves !
EVS mais aussi AVS/AD, par Marie-Jeanne Bouchet-Braunstein
C’est très bien de parler des EVS ! Mais vous oubliez que nombre d’entre eux occupent en fait des fonctions d’AVS (Auxiliaires de Vie Scolaire), et accompagnent les enfants handicapés à l’école. Sans un AVS à temps plein ou partiel ces enfants ne pourraient pas être scolarisés en milieu ordinaire ! D’autres AVS ont un statut d’AD (Assistant d’éducation). Recrutés en 2003 par l’Education Nationale pour trois ans renouvelables une fois, nombre d’entre eux (celle de ma fille par exemple) se voient licenciés au bout de 6 ans sans autre solution que le chômage, alors qu’ils adorent leur métier, qu’ils le font très bien et ont acquis un savoir faire dans un domaine délicat que n’auront pas ceux qui seront recrutés pour les remplacer. Quel gâchis aux dépens des enfants handicapés, des AVS eux-mêmes et du lien social ! Les AVS ne sont pas superflus, par LM Quand on parle avec d’autres parents d’enfants handicapés, on constate de plus en plus de suppression d’AVS, ce qui oblige les parents, soit à arrêter de travailler, soit à mettre leurs enfants dans des centres fermés et donc de ne pas pouvoir les scolariser dans une école classique. C’est vraiment déplorable que les économies soient faites sur les personnes qui ont un besoin vital de ces AVS. Ce n’est pas du superflu, ils aident les enfants handicapés et représentent pour eux le seul moyen de garder un lien avec la "normalité".
Des solutions existent, par Marie-Christine Gilles
Je suis auxiliaire de vie scolaire depuis 8 ans dans une CLIS (classe qui accueille des enfants handicapés et leur fait suivre un cursus normal), auprès d’enfants en situation de handicap moteur avec troubles associés. J’ai exercé sous divers contrats pendant deux ans, et j’ai aujourd’hui un contrat d’assistant d’éducation depuis 6 ans, qui se termine et qui ne sera pas reconduit. J’ai acquis l’expérience et les compétences indispensables pour l’accompagnement de ces enfants. Je me suis énormément investie et formée pendant ces 8 années auprès des enfants mais aussi auprès de l’équipe enseignante. Je suis très inquiète pour mon avenir et je trouve cette situation inacceptable. Je suis pourtant convaincue que des solutions existent !
Les emplois aidés dans l’éducation nationale... Parlons-en ! par Samuel Soto
J’ai travaillé en tant qu’auxiliaire de vie scolaire dans un collège pendant 3 ans et demi : contrat "emploi solidarité" puis contrat d’"accompagnement dans l’emploi". A chaque fois, renouvelé par tranche de 6 mois... Tout à été fait par le collège pour profiter de mon statut précaire et de celui de mes collègues. Corvéable à souhait, je travaillais à côté dans le privé. Je n’ai jamais eu une aussi mauvaise expérience que dans le cadre du contrat aidé dans un établissement public... Le travail fait par ces contrat aidés vient souvent palier un manque d’implication des titulaires. C’est mon point de vue, j’ai vraiment été choqué par le comportement des agents et de l’administration. J’aimerai que ces contrats aidés soient interdits.
Un véritable gâchis de compétences, par Véronique Zucchinelli
Je suis enseignante en CLIS (classe qui accueille des enfants handicapés et leur fait suivre un cursus normal). Le départ annoncé de l’AVS collective qui travaille auprès des enfants que je scolarise représente un réel gâchis de compétences. En dehors du fait que la mesure est particulièrement douloureuse humainement, le départ de l’AVS apparaît comme une incohérence aux yeux des familles, des élèves et de toute l’équipe enseignante. Comment accepter que l’AVS soit remplacée, en cours d’année prochaine, par une personne non seulement en emploi précaire, mais qui ne pourra pas se targuer d’une expérience de 8 ans acquise auprès d’enfants handicapés ? Cette expérience vaut autrement plus que les 60 heures de formation dispensée actuellement ! Est-ce ainsi que la priorité qui devait être donnée aux personnes handicapées est mise en oeuvre ? Est-ce là une avancée de la loi de février 2005 ?
Il faut arrêter d’être hypocrite, par Benjamin Sendat
Je suis professeur des écoles, donc non concerné par ces suppressions. Cependant je tiens à relater la réalité de ces emplois que l’on peut clairement qualifier de précaires. Ce personnel a grandement aidé au fonctionnement général des écoles et a rendu d’énormes services (organisation, présence humaine supplémentaire). Dans toutes les écoles où je suis passé (je suis remplaçant), ils ont largement joué leur rôle de "rustine" pour aider au bon fonctionnement des écoles. Mais il faut quand même relater la réalité sociale de ces emplois. La grande majorité sont des emplois "aidés" et le contrat signé est de 20h par semaine, soit un salaire d’environ 650 € par mois. En outre pour garder le bénéfice des aides de l’Etat, les municipalités n’ont jamais pérennisé ces postes en proposant des CDI à la sortie. Nous avons clairement besoin de personnel dans les écoles, mais pas à ce prix-là.
Une catastrophe sociale, par Alain Monedière
Je suis conseiller principal d’éducation dans un collège. Depuis 5 ans que je suis ici, j’ai vu le nombre de surveillants (aide-éducateurs, maitre d’internats, emplois aidés et autres précaires) diminuer dramatiquement. De nombreuses personnes en poste "aidés" ont travaillé des années, ont aidé les élèves, surtout ceux en difficulté ou les plus faibles. Aujourdhui on les jette, ils sont laissés sans perspective et sans formation. Ici à la Réunion ces emplois ont permis de faire vivre (survivre) des familles entières. C’est une catastrophe sociale. De moins en moins d’adultes pour encadrer les collégiens, et pour les remplacer, peut être des portiques à l’entrée ? Soyons sérieux, il en va de l’avenir de nos enfants !